Art et Éducation Populaire

En observant de plus près ces deux pratiques apparemment éloignées, nous constatons qu’ à l’instar de l’artiste engagé dans une recherche artistique, ce que le stagiaire animateur social développe essentiellement lors de sa formation BPJEPS sont: le développement d’une posture et la production d’une pensée critique. Dans ces deux domaines (et plus encore) l’ analyse de pratique garantie le déploiement de ces compétences fondamentales.

 

« L’éducation populaire, ce n’est pas une activité d’un après-midi, mais une démarche à long-terme. Elle nous invite à prendre le contrôle de nos actions et implique de sortir de notre entre-soi pour aller vers une auto-organisation des personnes et des groupes sociaux qui sont habituellement exclus des cadres de réflexion et de décision. (1) » . (En savoir plus sur l’Éducation Populaire). Artiste diplômée des Beaux-Arts , stagiaire BPJEPS, puis animatrice sociale, j’exerce pendant plus de dix ans dans une démarche d’Éducation Populaire auprès de personnes en grande fragilité avec un regard d’artiste. En parallèle, je poursuis un travail de recherche interrogeant des questions d’ordre social dans une dimension artistique. Faite de ces deux familles, je me considère d’ailleurs comme une artiste sociale. Quant à l’art-thérapie, elle me permettra par la suite de relier et d’approfondir ces deux aspects.

« En arts plastiques, c’est la personne qui s’exprime ; qui ose parfois dévoiler son être profond, sa pensée et cela raisonne pour le spectateur comme une attirance, une répulsion, une indifférence, de toutes façons une réaction issue des sentiments et cela ne se juge pas. » Valérie C
 

Lorsque Alexander Sparosvich: Conseiller d’Éducation Populaire et de Jeunesse ainsi que coordinateur des formations sociales du CREPS (également directeur de mon mémoire d’art-thérapie) me propose de rejoindre l’équipe de formateurs ainsi que le Réseau Régional d’Évaluateurs des Pays de Loire, pour moi, c’est un gage que ma posture professionnelle correspond aux valeurs de l’Éducation Populaire. Mon ancien coordinateur de formation BPJEPS (et mentor) m’invite alors en tant qu’artiste, animatrice sociale et intervenante artistique au sein du CREPS des Pays-de-Loire, afin de développer des semaines d’interventions artistiques auprès des stagiaires BPJEPS « animation sociale ».

« Organisée et rigoureuse (…) Delphine ne s'est pas positionnée comme une professeur de dessin ou comme une artiste peintre. Non, elle a animé ces différents ateliers en s'adaptant à nos rythmes et à nos humeurs. L'exemple de sa posture et ses conseils sont à ajouter sur notre palette de compétences. » Cécile

Ces interventions avaient pour objectifs de permettre aux stagiaires d’éprouver sans préjugés, différentes techniques artistiques liées aux arts plastiques afin de les amener à lever leurs «systèmes» d’auto-censure. Elles avaient également pour but d’aider les stagiaires à s’approprier de nouveaux outils afin d’avoir la possibilité de les mettre en pratique auprès des publics de leurs structures de stage respectives. Une dizaine d’ateliers individuels et collectifs étaient présentés aux stagiaires afin qu’ils en explorent les différentes techniques pendant la semaine. Le dernier jour, relevant de l’analyse de pratique, était dédié à un atelier croisé entre arts plastiques et écriture mené conjointement avec Catherine Tuchais, Conseillère d’Éducation Populaire. Le journal hebdomadaire des stagiaires a permis de récolter leurs retours d’expériences vécues à la suite de ces semaines créatives, retours que je partage avec vous.

   
« Cela peut sembler déstabilisant, mais le fait de lier écriture et arts plastiques nous à permis d'analyser nos propres créations . »  Valentine

« Pratiquer les arts plastiques nous a donné l’envie de poursuivre (…) l’activité favorise l’estime de soi, c’est un espace où l’on apprend à avoir un œil critique sur soi, à affronter le regard de l’autre, à accueillir les remarques positives ou négatives, à s’exposer, à dépasser ses peurs, à oser se mettre en avant et à partager ensemble. » Claire

« Les activités sont affichées sur le tableau, chacun choisit et s’inscrit. Cela favorise l’envie, la motivation et créer du sens pour nous (…). Nous avons compris durant la semaine que la pratique de diverses techniques d’arts plastiques comme la peinture, le collage, le graphisme, le modelage nous a aidé à découvrir nos propres compétences et nous avons ressenti un certain plaisir. » Céline 

« Nous avons apprécié la dynamique de Delphine, celle-ci tend à nous guider vers notre posture professionnelle. À travers des échanges, elle nous propose des adaptations envisageables à nos publics. S’essayer à découvrir, c’est aussi respecter l’autre dans son propre rythme, respecter la personne dans sa singularité, avec ses envies et ses aptitudes. Voilà des outils qui vont nous permettre de naviguer entre l’individuel et le collectif. » Géraldine 

« On peut s’en faire une montagne et cela peut être impressionnant. C’est en maîtrisant ces techniques que cela peut avoir un côté rassurant (…) la joie de pouvoir toucher et d'étaler le pastel, le frottement du doigt contre le papier, souffler dans une paille et voir les gouttes d’encre de couleur s’éparpiller, s’entrelacer, se chevaucher, met en éveil nos sens. » Laureen

« Les divers matériaux que nous avons pu utiliser et découvrir nous ont montré que nous étions capables de réaliser de beaux travaux. « Comme des enfants ouvrant de nouveaux jouets », nous nous sommes laissés porter par nos envies, nos désirs à réaliser, à concevoir ; dans cette salle de formation devenue un atelier de création. » Cécile 

« La multitude de supports et de techniques présentés puis expérimentés tout au long de la semaine est très appréciable (…). La question n'était pas d'aimer ou non les arts plastiques, d'avoir des talents de Picasso ou de savoir qu'il fallait mettre de l'eau dans sa peinture (et dans son vin), mais bel et bien d’expérimenter de nouvelles choses pour ensuite être en mesure de proposer ces techniques en situation d’animation ». Nathalie

« Nous avons particulièrement apprécié de faire une œuvre collective qui favorise les échanges. On en rit, on se taquine, on se concentre. Elle prend forme et créé une fierté collective. » Estelle


0 Image d'en-tête: œuvre de street art de Castelbajac
1 http://www.education-populaire.fr/definition/